Demain, samedi, impression en public de ma fausse-vraie affiche : vivement les congés payés à Saint Mars du … 80 ans, ça se fête !
Demain, samedi, impression en public de ma fausse-vraie affiche : vivement les congés payés à Saint Mars du … 80 ans, ça se fête !
J’ai accueilli pendant les vacances
deux enfants : la fille cadette d’amis
et la petite cadette de mon fils aîné !
Elles ont bien travaillé et joué avec
ce lino très tendre qui ressemble à
de la gomme : l’une est partie dans
une petite carte d’artiste inspirée
des Beatles, ses musiciens préférés,
l’autre s’est lancée dans l’abstraction
avec des arabesques – spirales !
On a utilisé des encres à l’eau,
ce lino très tendre : pas d’égratignures,
pas de taches sur les vêtements,
et de belles estampes !
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Pendant ce temps, j’ai gravé un petit
bateau dans une chute de vrai lino
et l’ai imprimé en même temps
qu’elles, allant à encrer le sommet
du phare avec un coton-tige !
J’étais aussi fier qu’elles deux !
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Aujourd’hui, j’ai repris des plaques
déjà gravées, pour faire des essais
en deux couleurs : soit directement
dans la presse : avec les reflets de
l’eau sous l’estacade, ou en sortie
de presse pour les feuilles de
l’arbre des bords de Loire.
Et comme c’était de l’expérimentation
j’ai aussi imprimé sur carton entoilé
pour voir !
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Je voulais une nouvelle table
de dessin à l’atelier, et j’ai fini
par en dénicher une sur internet !
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Une vieille table d’architecte
de 1 mètre par 1 mètre 50
au design irréprochable, mais lourde.
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Je voulais descendre ma grosse presse
verte de relieur en fonte et acier, mais
trop lourde pour un seul homme !
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Je voulais aussi relever d’un cran
ma grosse perceuse à colonne bleue
un peu bloquée depuis quelque temps
mais trop lourde elle aussi !
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Devant tant de lourdeur, j’ai
essayé de jouer léger, et j’ai demandé
aux amis un gros coup de main !
***
On devait manger ensemble, boire
ensemble, rire ensemble, mais pas
bosser, trimer, porter, lever,
descendre, monter, installer !
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Et pourtant on l’a fait !
et on s’est bien amusé, j’en ai entendu
de toutes sortes : il faut dire que
certains sont des habitués des
aménagements de l’atelier !
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Expérimentations en linogravure :
De bon matin je pars sur les chemins à la recherche de fil de fer barbelé ! Eh oui, du vieux fil rouillé, encastré dans les arbustes, les ronces, le fouillis de la végétation. J’ai un peu vérifié, mon vaccin anti-tétanos semble être à jour !
Pourquoi du barbelé ? Ben, pour l’imprimer, tiens ! J’ai déjà essayé le grillage : tendu sur une plaque de contreplaqué à la bonne dimension, ça marche plutôt bien. Et ça a deux avantages :
primo, c’est du vrai grillage que j’imprime, et
deuxio, c’est bien plus rapide que de graver du grillage .
Alors, idem pour le barbelé, je vais essayer de l’imprimer, avec un défi supplémentaire, la « barbe » risque de dépasser et de percer le papier, pire abîmer mon cylindre de presse. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner.
La récolte est bonne, sauf pour mes chaussures, mon pantalon, bien crottés, et mes mains un peu égratignées. J’y pense depuis quelques semaines à ce fil de fer. J’ai bien avancé, en terme de réflexion, mais il était temps de passer à l’action : je ne peux pas rester trop longtemps sur la simple pensée, : le réel, le matériel, le concret m’appellent.
J’ai redressé le fil, tordu, rouillé, par le temps et la pousse des branchages, je l’ai coupé à une dimension acceptable pour ce que je veux faire : un funambule équilibriste au dessus ! Ensuite, je voulais le coller au pistolet à colle, mais j’ai abandonné, et j’ai percé des petits trous de 1,5 mm et l’ai quasiment « cousu » sur un morceau de contreplaqué de 21 mm : avec les barbes aplaties, on arrive quasiment à la hauteur en papier des presses typographiques !
J’ai tracé un logement pour la plaque de lino que je veux encastrer dans le support, de façon à imprimer en une fois le personnage et le fil de fer barbelé : si j’arrive à réaliser tout cela, et surtout si ça marche, alors là, ce que je vais être content !
Il est tard, c’est dimanche soir, on est allés à un concert de Jazz à Nantes, la nuit est belle, la lune s’éclaire magnifique,je baigne complètement dans un univers artistique : Quelle chance !
Ancenis, « Rives de Loire », Ligné « Chapelle Saint Mathurin », c’est déjà du passé : le temps, le temps qui va, le temps qui vient, le temps de prendre son temps, il nous faudra peut-être un jour choisir le thème du temps pour une exposition collective !
On n’a pas eu assez de visiteurs, c’est difficile apparemment de faire venir les gens ! Il n’empêche, quand on a ce besoin de créer, qui nous prend partout à la fois : à l’âme comme aux tripes, on y va !
Prochainement, c’est bientôt, dimanche 20, je serais à Blain, au château de la Groulais, au musée de l’imprimerie, lors des journées du patrimoine : on accueillera le public, on expliquera, on discutera passionnément de typo, d’impression, et aussi de gravure ! Venez, c’est vraiment bien !
Comme les journées de l’imprimerie suivront de près, je prépare une intervention artistique en plusieurs séquences : mon projet est de réaliser sur place une gravure, lors de ces journées, et de l’imprimer sur une des presses du musée.
J’ai choisi la main et le caractère typographique.
Mes petits enfants se sont prêtés au jeu de la photo, je voulais des mains, plein de mains, mélangées, entremêlées avec des caractères en bois. J’ai donc dessiné, re-dessiné, transformé, refait, pour finalement créer mes propres caractères typographiques en lino, à partir de dessins inspirés par une police en plomb que j’aime bien, le « Bodoni ».
J’ai dessiné, agrandi, puis découpé mes « patrons » à la petite scie à chantourner, pour finalement graver à la dimension adéquate, avec la petite « Scripta » ma fraiseuse à pantographe.
J’ai ainsi fabriqué « I-M-P-R-I-M-E-R-I-E » en réalité, « 3 I-2 M-1 P-2 R-2 E ». Puis j’ai placé les caractères sur les mains dessinées, et réarrangé tout cela : c’est fou le temps (encore lui !) passé à la préparation.
Et là, précisément, question : faut-il des mains au trait, ou en aplat ? Je grave donc une main au trait (première inspiration) et prépare le logement de la lettre : je vais faire un essai, s’il est concluant, je pars au trait, sinon … Il est tard, pour une journée de transition, alors, un peu d’ordi pour le blog et la page facebook et au lit !
Florilège des remarques
gentilles, sarcastiques, ironiques,
à propos de l’art et de la linogravure
« Ben vous alors, on peut dire que vous aimez les ponts !»
(pour une exposition consacrée aux ponts de Loire)
« Bé-hé qu’est-ce que c’est-y que c’t-engin là ? »
(arrêté devant une presse typo)
« Faut bien l’avouer quand même, c’est beau …»
(en sortant d’une salle d’expo)
« Le lino, c’est pas ce qu’on met par terre quand même ? »
(riant nerveusement après une explication)
« Mais, artiste c’est pas un métier, hein? »
(lors d’une discussion sur les artistes en général)
« Y a pas assez de couleurs, c’est pas d’ la peinture ! »
(en aparté avec sa voisine)
« Et … combien d’temps qu’y faut pour faire ça ? »
(l’oeil inquisiteur)
« Ben … ça vous occupe alors »
(rassuré)
« Mais alors, faut dessiner ? »
(déçu, pas trop content)
« Vous savez, avec une défonceuse, ou une petite fraiseuse ça irait beaucoup plus vite! »
(sourcils froncés du bricoleur)
« C’est pas ce qu’on faisait à l’école-primaire autrefois ? »
(regard très-très sévère, voire négatif)
« Mais oui, mais oui, je connais tu sais ! »
(à sa compagne intéressée, monsieur je sais tout)
***
Ma préférée, mais il s’agit d’une remarque d’un très jeune enfant lors d’une mini résidence en école, les enfants dessinaient des animaux et des personnages, et moi je les gravais et dessinais la forêt :
« Hé Jean Pierre, comment tu le sais alors ? »
« Comment je sais ? … heu, j’ai appris à graver … »
« Non-non, pas ça … »
« Quoi, alors ? »
« Comment tu le sais qu’il y a des animaux et des arbres dans le lino ? »
J’étais heureux que ça m’arrive ! J’avais lu qu’un jour, un enfant avait interpellé un sculpteur qui travaillait un bloc de pierre en lui demandant comment il savait qu’il y avait un cheval la dedans !
Et voilà, la véritable question pour un enfant n’est pas la technique, elle touche à la création, à la démarche qui nous fait partir de là pour arriver ici !
Dans le lino, il y a plein de choses, il suffit de savoir les chercher !
J’étais parti pour imprimer mes flyers : eh bien, c’est en cours ! J’ai tout d’abord réduit la plaque des travailleurs du pont, et l’ai simplifiée au maximum tout en lui gardant son esprit initial.
Comme je veux imprimer beaucoup d’exemplaires, j’ai remis « tip top » ma pédalette en fonctionnement. Une pédalette est une presse à imprimer qui plaque le papier en une fois sur la forme à imprimer. Les américains l’appellent parfois « clamshell » : elle s’ouvre et se ferme comme un coquillage !
Dans un premier temps, je vais imprimer l’image en rouge grenat, ensuite, je composerai le texte et l’imprimerai en noir profond sur la partie vierge du flyer.
Tout se passe très bien, je passe un peu de temps pour affiner la fluidité de l’encre, et la pression. Quand j’estime en avoir imprimé assez, et comme il reste de l’encre, je prépare ma prochaine carte avec un tout petit visuel, qui passe très bien dans cette couleur.
Eh bien voilà, c’est fini ! Encore une page qui se tourne ! Après trois jours intenses, de bonheur partagé, de fatigue aussi, un peu de nostalgie, déjà ! J’ai partagé, donné, reçu ! Des émotions, des rires, et aussi du sérieux. Ce sont surtout les enfants qui ont imprimé : d’abord toute une classe qui est venue, danser, piétiner, écrabouiller l’estampe, en musique, en rythme, dans la bonne humeur. Ensuite, pendant les deux autres jours, encore les enfants, connus et inconnus.
J’ai quasiment un « show », une performance totale, un spectacle : j’ai retrouvé le plaisir « de la scène », oublié depuis quelques années ! J’ai retrouvé aussi le plaisir de la mise en scène : combiner l’impression par les pieds des enfants, avec mes amis musiciens venus pour « le fun », avec la partie technique : l’encre, le papier, et la régularité de la pression. Tout cela en sécurité : pas de chutes, de salissures, de bousculades !
J’ai appris plein de nouvelles choses : comment dessiner, graver, imprimer en public avec la seule énergie humaine ! Par exemple, éviter que les pieds ne déchirent le papier, que ledit papier ne bouge, et connaître le temps de la pression ! Du jamais fait pour moi, une plongée dans l’impression,les yeux grands ouverts, et l’esprit bien en éveil.
Voilà, c’est fini, les gravures sont à la hauteur de l’ouvrage fourni, c’est bon !
Cette fois-ci, je cherche les ennuis ! J’aimerai imprimer sur du dur : les oeuvres encadrées c’est sympa, mais parfois aussi un peu ringard quand même. Alors, pour un style plus contemporain, ça serait intéressant d’avoir une gravure imprimée directement sur un support dispensé de vitre.
Que faire ? J’ai imprimé sur papier et l’ai marouflé sur bois : mais le papier reste fragile, une tache, une mouche impétueuse, et l’oeuvre est gâchée.
J’ai imprimé sur toile apprêtée, puis l’ai clouée sur un châssis, peu convaincant.
Alors, reste la solution d’imprimer directement sur du dur : bois, contreplaqué, médium. Mais cette fois, en utilisant une presse à pression verticale, et assez robuste pour fournir une pression sur toute la surface. J’ai pris une lino-gravure ancienne avec très peu d’aplats, et voilà le résultat, sur contreplaqué standard :
Alors j’ai essayé le carton entoilé : assez dur lui aussi, avec en plus le grain de la toile, ses creux et ses bosses. À condition d’accepter que le grain de la toile transparaisse, le résultat est intéressant : j’ai poussé l’exercice très loin, en imprimant d’abord un fond d’image bien chargé, et une fois sec, le motif de premier plan au dessus, en repérage visuel, et voilà :
Bientôt, je vais travailler pendant un week end au château de Blain, au musée de l’imprimerie ancienne. En effet, l’association qui le gère fête ses 20 ans, les 10, 11 et 12 octobre.
On s’est rencontré il y a quelque temps, et on s’est trouvés complémentaires ! Alors, en route pour cette aventure.
Pour que ça soit intéressant, pour eux comme pour moi, il fallait un projet, une raison, et pas seulement une présence.
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J’ai choisi de faire une performance durant ces trois jours : un peu comme je l’avais déjà fait à Châteaubriant lors de la soirée Pulcéo : réaliser une gravure et l’imprimer. Cette fois je dispose de trois jours, alors je vais graver « du lourd ».
J’ai en tête quelque chose comme : – une allégorie de l’imprimerie, – avec de la gravure, – à Blain. Donc, sur ma linogravure, il va y avoir une presse d’imprimerie, une gravure, un château, et une jeune femme : un peu comme les allégories du XIX° siècle !
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J’ai « cogité » et tout a pris forme à l’atelier, le dessin est au point, reproduit sur la plaque, mais, comme j’aime bien les surprises, tout cela ne sera dévoilé que les 10, 11 et 12 Octobre. J’ai même une surprise supplémentaire lors de l’impression en direct, alors rendez vous pour celles et ceux qui le peuvent à Blain, Château de la Groulais, musée de l’imprimerie ancienne les 10, 11 et 12 octobre l’après-midi.