J’ai fini de graver le premier état de ma plaque de lino, que j’ai prévu de réaliser selon la technique de la plaque perdue : la même plaque sera gravée successivement pour chaque couleur.
Aujourd’hui, j’imprime la première couleur des sardines : un joli bleu ciel, créé avec du blanc opaque et une touche de bleu de Prusse.
Auparavant j’avais fait un premier dessin au crayon, coloré ensuite au marqueur, « pour voir ». Puis plusieurs dessins de sardines, avec bleu ciel et bleu plus soutenu.
J’ai imprimé une dizaine d’épreuves « en plus » de façon à faire des essais pour la deuxième gravure de la plaque. En attendant, les feuilles imprimées sèchent.
Je continue ma série « DÉSORDRES » et cette fois, je m’attache à la cuisine : elle vit, la cuisine, et même « bien rangée », elle arbore un petit air de désordre rassurant.
Je la « vois » déjà imprimée en blanc, gris clair et noir, les trois couleurs en doux dégradé.
J’ai dépassé le stade des esquisses, et le travail est en cours.
Question désordre, les enfants c’est pas mal du tout : ils ont « rangé » les vélos après une bonne balade cet été … Je n’ai touché à rien, j’ai bien regardé et j’ai gravé la plaque de lino, en positif et en négatif, et lundi matin, épreuve d’impression : du blanc et du bleu sur la table d’encrage, et le long rouleau fait le mélange en douceur, d’un ton à l’autre.
J’ai commencé à graver le désordre, ça demande de l’attention, le désordre : on regarde, on écoute, on y pense et … on trouve. Cette fois, ce sont les livres empilés dans l’une des bibliothèques de la maison, celle qu’on a sous les yeux tout le temps, elle est dans la salle de séjour, on la voit, et là je la regarde, et c’est bien ça, elle est complètement en désordre. Le soleil de l’automne l’éclaire en partie, je vais essayer de rendre l’atmosphère en gravure. Et voilà, après des heures de dessin, gravure, et enfin d’impression, en deux couleurs mêlées.
Ma créativité : je venais de finir l’impression du « livre ouvert » et avais imprimé quelques feuilles de brouillon avant de nettoyer la plaque. Habituel. Ensuite, j’imprimais le visage d’une nouvelle gravure : « le visage de Joachim du Bellay » et de la même façon, j’imprimais quelques feuilles de brouillon avant le nettoyage de la plaque, et … J’avais utilisé le même brouillon que celui du livre, et cette double impression m’a sauté aux yeux : Du Bellay sortait du livre ! Alors le lendemain, impressions, réglages et voilà le résultat, totalement inattendu !
J’ai gravé la bergerie « sens dessus dessous ». La lino me plaît bien, mais-mais-mais le démon noir ou l’ange blanc de la typo est venu me titiller l’esprit… Alors j’ai plongé dans les casses, réfléchi aux mots qui pouvaient venir, sans gêner l’image, et j’ai choisi un grand format pour moi : 50/70 cm. J’avais donc de la place et les mots sont venus facilement.
Lors de la fête de l’estampe que j’organise avec le Musée de l’Imprimerie de Blain, j’expose 13 gravures, les toutes nouvelles : « Les Fleurs de la Bergerie » et « Les deux pies » et mes « fétiches » comme « La Sieste » ou « Le Baiser ». Elles seront visible au Château, salle Anne de Bretagne jusqu’au 6 Juin les après midi sauf le lundi.
Cet hiver, les pies jacassent, et volent on tous sens. Je suis à l’ordi, et par la fenêtre, je les aperçois, et commence vraiment à m’intéresser à elles. Un couple se pose sur une branche haute du grand chêne : elles se regardent et soudainement, regardent ensemble dans la même direction. Deux pies noires et blanches, les branches enchevêtrées et noires sur le ciel : tout cela est très graphique, une gravure s’imposera forcément, un jour. Mes photos dorment dans un coin de mes pensées. La gravure est en gestation, mais ne naît pas encore ! Il me manque inconsciemment un déclencheur, comme une histoire qui commence, mais dont on ne possède pas la fin … Et c’est au printemps, quand les agriculteurs commencent à labourer que doucement les pies et les charrues s’assemblent dans mon esprit. Et voilà, les deux pies vont rencontrer sur ma gravure les deux socs improbables aujourd’hui d’une charrue d’autrefois. Alors ça va très vite, je dessine, gomme, assemble, découpe et mon projet prend forme. La gravure pourrait être un jeu d’enfant, mais je désire beaucoup de branches autour des pies, et beaucoup d’herbes folles autour des socs. Et dans l’espace laissé libre entre l’arbre et les herbes, un petit poème à la façon des haïkus japonais prend sa place, composé avec une vieille police de caractères un peu usagée.
Cette année, le salon a pu avoir lieu ! On a imprimé, démontré, expliqué avec une consoeur enlumineure. Notre stand était un véritable atelier : notre projet consistait à fabriquer des « vraies-fausses affiches » du salon. La lino permettant de réaliser des « fonds », la typo venait ensuite. Tout a bien fonctionné, les tirages de lino avaient presque complètement séché et la typo s’est installée par dessus sans soucis !