Vivi passe quelques jours ici, à La Bergerie, et l’atelier est toujours aussi attirant. On a décidé d’imprimer une gravure d’il y a quatre ans déjà, d’après une idée à elle : un squelette sort d’une pendule à minuit ! Alors on s’est dit qu’on pouvait en faire une guirlande : on en a imprimé une trentaine, dans la joie, les odeurs d’encre, et aussi … le sérieux des imprimeurs !
Généralement, on fait un article pour présenter une expo qui va démarrer! Cette fois, c’est l’inverse, l’expo est finie, il est trop tard pour venir mais pas pour lire la suite :
Un collectionneur des estampes de Frans Masereel, ainsi qu’un autre des gravures de Jean Emile Laboureur sont venus exprès pour rencontrer le graveur – et ses gravures. Chacun à sa façon s’est réjoui de voir « pour de vrai » mes estampes, et l’un d’eux m’a même dit que j’étais un bon successeur de ces graveurs d’autrefois…
De même, le petit neveu de M. Arnéra, l’imprimeur de Picasso à Vallauris quand il gravait le lino, est venu lui aussi spécialement pour l’expo. L’émotion était forte entre l’imprimeur-éditeur qu’il est devenu, et le linograveur que je suis aujourd’hui : on avait l’impression de rejouer une pièce jouée il y a bien longtemps…
Deux jeunes artistes linograveures sont elles aussi venues pour voir, toucher et parler technique et création, avec l’intime conviction qu’elles apprendraient vraiment, diraient, et échangeraient.
En si peu de temps, une dizaine de jours, et de telles rencontres, c’est seulement après qu’on peut savoir ce que nous réservent les « petites expo provinciales » !
Cette année encore, c’est dans le cadre majestueux du Château de La Groulaie que se déroulera à Blain la Fête nationale de l’Estampe. Une estampe, c’est une image obtenue par l’impression d’une matrice sur une feuille de papier .
Du 21 Mai au 2 Juin, 13 artistes graveurs réunis pour la circonstance, exposeront leurs œuvres dans la salle Anne de Bretagne au Château.
En effet, le 26 Mai c’est l’anniversaire de l’Édit de Saint Jean de Luz par lequel le roi Louis XIV accordait aux graveurs du royaume la liberté d’exercer en dehors de toute corporation.
Partout en France, à cette date, les graveurs organisent leur manifestation, en atelier, galerie, musée, et à cette occasion, le Musée de l’imprimerie ancienne de Blain se joint aux artistes graveurs pour marquer cette journée.
À Blain, nous serons 13 graveurs, 11 professionnels, et 2 jeunes pousses de 11 et 16 ans, mais qui gravent depuis longtemps. Parmi les graveurs, certains gravent « en relief » : le bois, le lino, d’autres « en creux » : le cuivre, le zinc, et certains mêlent la gravure et la typographie : nous offrons aux visiteurs un vaste panorama de la gravure telle qu’elle est pratiquée au XXI° siècle.
L’exposition proprement dite se déroule du 21 Mai au 2 Juin aux heures d’ouverture du château : de 14h à 18h30 en semaine, de 10h à 12h et de 14h à 18h30 le dimanche.
Les animations et démonstrations ont lieu les 25 et 26 Mai et le 2 Juin, toute la journée au Musée de l’Imprimerie Ancienne au Château. Les entrées sont libres et accessibles à tous.Pour le collectif, jpgraveur, artiste professionnel
Et c’est déjà la fin de l’année ! Après trois jours à Nantes, au Salon des métiers d’art, et six jours ici, à l’atelier de La Bergerie, il est temps de se poser !
J’ai donc parlé, expliqué, démontré, imprimé, gravé et c’était bien, vraiment, mais épuisant aussi.
Les gravures vont rester un moment aux murs de l’atelier, les matrices gravées sur les presses et moi un peu plus tranquille à la maison !
Il y a peu, lors d’une exposition collective, une de mes amies intéressée par ma gravure « Isadora » me dit à peu près ceci :
« Tu sais Jipé cette gravure m’interpelle : le rouge de la fille avec le noir de la machine parle vraiment, ce serait comme une signature si tu imprimais toutes les filles de tes linos en rouge »
J’aime bien les gravures en noir. Mais Isadora devait être en rouge et noir, ça s’était imposé, sans que je sache pourquoi, c’était « comme ça ». J’ai donc repensé à ce que Marie m’avait dit, et petit à petit, l’idée a fait son chemin, et j’ai « vu » en imagination tout ce que cela suggérait, disait, imposait, et forcément, je suis passé à l’acte :
la chef de choeur de « Benedictus » découpée de sa chorale est devenue rouge,
la balayeuse d’ « Apocalypse » elle aussi
ainsi que la balayeuse de « Coup de balai » !
Mes gravures sèchent encore, je vais les exposer ensemble lors de mes futures présentations en public, à Nantes bientôt, et ici aux Touches lors de mes Portes Ouvertes, pour voir …
Des nouvelles de l’ Atelier de la Bergerie : bientôt décembre : Noël et les fêtes de fin d’année.
Alors je prépare mes Portes Ouvertes, cette année j’ai décidé d’imprimer des flyers plutôt que des affiches, et ma presse « Tip-Top » va travailler. C’est une presse semi manuelle, ou semi automatique : manuelle car elle est alimentée en papier manuellement, et automatique parce que l’encrage se fait automatiquement.
Cette vieille dame a plus de 100 ans, alors je la bichonne : graissage des pignons, et huilage dans les 28 trous de graissage à chaque démarrage d’impression.
Mon flyer reprend ma petite danseuse rouge pâle en fond et un texte en noir au dessus. J’en ai fait plusieurs centaines, les grilles de séchage sont pleines, et des cartons couverts de fly encombrent l’atelier : séchage oblige !
L’atelier accueille les petits enfants pendant une partie des vacances. On dessine, on grave, on imprime dans une joyeuse ambiance.
Je prépare mon invitation pour les portes ouvertes de décembre, et j’imprime aussi un premier essai, alors que les garçons pensent à halloween, et réussissent à imprimer dans les temps !
Les filles ne sont pas en reste, et hier soir on avait imprimé un serpent, une palette de peintre, une citrouille et une portée de musique en filet de basket.
Je continue à graver sur le thème de la danse, alors même que je ne suis pas retenu pour l’expo auprès de laquelle j’avais postulé ! Ce matin j’ai fouillé dans les casses d’imprimerie en bois et j’ai commencé une mise en page de « Danser ».
Après mes toutes mes expos qui se sont succédées à un rythme très soutenu, je reprend goût à l’atelier, à la gravure, et aux presses !
La gravure tout d’abord : j’ai posé ma candidature à une expo pour 2019 sur le thème de la danse. Avant même les résultats de la sélection, je me suis pris au jeu : le thème m’intéresse, déjà j’avais quelques estampes de danseuses, et cet été j’avais photographié des couples dansant, avec l’idée d’en faire des gravures !
Alors du dessin, de la gravure sur lino et aujourd’hui l’impression. Impossible d’attendre quand la plaque est tirée, c’est comme le vin il faut la voir (!)
J’envisage déjà d’installer mes petits danseurs en forêt, en ville, dans l’espace, ou dans les quatre éléments, on verra.
Et pendant tout cela, je suis allé récupérer une ancienne presse à vis, qui peut être utilisée, moyennant quelques adaptations, à l’impression de linos. Je lui ai adjoint un chariot et un « marbre » en bois, et l’ai repeinte en rouge basque et en gris .
Je pense l’utiliser en animations lors de salons des métiers d’art pour imprimer du texte et des gravures. Je l’ai testée, et la pression est considérable : il faudra être très précis dans le dosage de la force !
Je gravais une petite balayeuse pour un autre projet, quand s’est imposée l’idée d’un coup de balai dans la typo, dans le texte, dans le livre, comme ça, histoire de jouer avec l’idée que le livre papier jamais ne disparaitra ! Ou au contraire …
J’avais déjà gravé un livre ouvert, pour une affiche de la bibliothèque. Je l’ai repris, j’y ai inséré ma petite balayeuse, et j’ai sorti une casse de vieux caractères en plomb. C’était eux qu’il fallait balayer, mais comment les faire tenir ? J’ai gardé une scie à chantourner de précision, et l’ai utilisée pour fabriquer un support aux lettres qui sont « en vrac ».
Ça a marché du premier coup : les lettres tiennent bien et j’ai pu les placer juste devant le balai ! L’impression a bien fonctionné elle aussi, et les tirages sont parfaits.
Chacun interprètera cette estampe selon ses propres critères, au premier ou au second degré, déjà la gravure ne m’appartient plus !
Grosses journées au Château de La Groulais à Blain, l’atelier-musée de l’imprimerie a fait forte impression, on a accueilli un peu plus de 1000 visiteurs en deux jours, du rarement vu !
J’avais prévu d’imprimer « Isadora » ma toute nouvelle estampe, pour la toute première fois lors de ces deux journées du patrimoine, et je l’ai fait !
C’était un peu risqué, je n’ai pas tout le confort de mon atelier quand je travaille en public, et par précaution, j’avais emporté bien trop d’outils, de cales et de coins de serrage, mais ça a bien fonctionné.