Ma créativité : je venais de finir l’impression du « livre ouvert » et avais imprimé quelques feuilles de brouillon avant de nettoyer la plaque. Habituel. Ensuite, j’imprimais le visage d’une nouvelle gravure : « le visage de Joachim du Bellay » et de la même façon, j’imprimais quelques feuilles de brouillon avant le nettoyage de la plaque, et … J’avais utilisé le même brouillon que celui du livre, et cette double impression m’a sauté aux yeux : Du Bellay sortait du livre ! Alors le lendemain, impressions, réglages et voilà le résultat, totalement inattendu !
J’ai gravé la bergerie « sens dessus dessous ». La lino me plaît bien, mais-mais-mais le démon noir ou l’ange blanc de la typo est venu me titiller l’esprit… Alors j’ai plongé dans les casses, réfléchi aux mots qui pouvaient venir, sans gêner l’image, et j’ai choisi un grand format pour moi : 50/70 cm. J’avais donc de la place et les mots sont venus facilement.
Cet hiver, les pies jacassent, et volent on tous sens. Je suis à l’ordi, et par la fenêtre, je les aperçois, et commence vraiment à m’intéresser à elles. Un couple se pose sur une branche haute du grand chêne : elles se regardent et soudainement, regardent ensemble dans la même direction. Deux pies noires et blanches, les branches enchevêtrées et noires sur le ciel : tout cela est très graphique, une gravure s’imposera forcément, un jour. Mes photos dorment dans un coin de mes pensées. La gravure est en gestation, mais ne naît pas encore ! Il me manque inconsciemment un déclencheur, comme une histoire qui commence, mais dont on ne possède pas la fin … Et c’est au printemps, quand les agriculteurs commencent à labourer que doucement les pies et les charrues s’assemblent dans mon esprit. Et voilà, les deux pies vont rencontrer sur ma gravure les deux socs improbables aujourd’hui d’une charrue d’autrefois. Alors ça va très vite, je dessine, gomme, assemble, découpe et mon projet prend forme. La gravure pourrait être un jeu d’enfant, mais je désire beaucoup de branches autour des pies, et beaucoup d’herbes folles autour des socs. Et dans l’espace laissé libre entre l’arbre et les herbes, un petit poème à la façon des haïkus japonais prend sa place, composé avec une vieille police de caractères un peu usagée.
J’ai gravé une plaque avec un crocodile et des roses … En jouant avec les brouillons du crocodile et des roses, j’ai associé deux cocos « tête-bêche » et mis la rose la plus petite au milieu du cadre ainsi formé.
Il a fallu calculer précisément les emplacements pour obtenir une symétrie parfaite, et bien centrer la rose.
Mon expo dans la grande halle du site des Forges à Moisdon s’est achevée dimanche.
Des rencontres vraiment intéressantes, des visiteurs venu tout exprès pour l’expo, c’était vraiment bien !
Alors, mardi démontage, et balade dans les sentiers environnants pour un au revoir un peu nostalgique : comme souvent quandun moment fort s’achève, et que les gens étaient accueillants !
De retour à l’atelier, avec un peu de rangement, balayage, et classement d’estampes. Et aussi, surtout, la reprise de ma gravure : « le crocodile et les roses » et un travail un peu fastidieux : les« grains » de la peau rugueuse.
Ce matin, tout est prêt pour l’impression, j’ai isolé les roses, et les ai un peu éloigné du croco. J’encre en noir, sur papier blanc, avec des essais de « gris » par utilisation du « manque » d’encre : c’est-à-dire, sans ré-encrer la matrice.
Après une longue linogravure en plusieurs couleurs, « le bois ses machines et leur maître », je repars sur un projet plus modeste, mais, mais, mais, tout aussi porteur de surprises !
Ce ne sont pas les mêmes, ici : il s’agit de graver du sapin, un bois « tendre », mais avec des veines parfois tendres, parfois dures, et aussi du fil.
Je désire une impression assez rude, bien marquée, avec un veinage apparent, et des accidents liés à la nature de ce bois.
Je vous présente le « travail en cours » de « pensive ».
Comme vous le savez, j’organise quelques stages par an à l’atelier, au milieu des presses, des encres, des gouges et du papier ! Un stage dure désormais deux jours consécutifs, du samedi au dimanche, et de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h.
Il s’adresse aussi bien au débutant qu’au linograveur déjà pratiquant. Le premier jour, on grave une plaque de moyen format : 10 cm / 15 cm environ. Le deuxième jour on termine de graver et on passe à l’impression, sur presse ou à la main. Le tarif est calculé sur la base de 75€ par jour (150 € les deux jours).
Le papier et les encres sont fournis, l’outillage est prêté, on repart avec plusieurs exemplaires de sa gravure, une gravure de chacun des participants, et une gravure de l’artiste ! On déjeune ensemble à midi, et des chambres d’hôtes à proximité immédiate de l’atelier permettent de demeurer sur place les trois jours.
L’ inscription se fait par téléphone, mail ou par la poste, et devient définitive après réception d’un chèque de 75 € à mon ordre : Jean Pierre Coasne, 406 La Bergerie, Route de Trans sur Erdre, 44390 LES TOUCHES tel. 02 40 72 41 41 ou 06 40 07 41 96 et jp.graveur@orange.fr.