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rencontre amoureuse en 5 linogravures

Il y a peu je préparais un concours,

et j’avais choisi de revenir sur ma lino « amoureux ».

J’avais déjà bien travaillé sur celle-ci

puisque j’avais détouré mes personnages,

de façon à les isoler du fond.

J’imprimais  alors la gravure en deux couleurs

en un passage : par un encrage séparé des deux parties.

***

J’ai donc repris l’idée du découpage,

et cette fois j’ai détouré

une plaque de lino supplémentaire

à la forme « exacte » de mes amoureux,

dans laquelle j’ai gravé le mot « amoureux ».

Puis, désirant exploiter plus en profondeur

cette idée de découpage,

j’ai décalqué ma plaque des personnages,

l’ai inversée – avec un calque c’est facile –

et je l’ai gravée :

les amoureux prennent ainsi la place l’un de l’autre,

ensuite, j’ai imprimé les deux amoureux

sur une feuille de calque de même dimension,

ils viennent en superposition

prendre place sur la dernière gravure

et voici le résultat :

 

deux amoureux

enlacés

qu'importe

toi ou moi

les mots les pages

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Un coq, des chats et des amoureux en linogravure !

Un joli coq descend fièrement derrière le grillage,

je le saisis au vol !

Et voilà, une plaque de lino à graver,

en essayant d’avoir des traits fins :

je désire avoir une estampe « au trait »,

pour la colorer une fois sèche avec des encres pigmentées.

Je l’imprime « à l’humide » :

le papier trempé dans l’eau,

brièvement essoré, prend merveilleusement l’encre.

***

Je travaille aussi sur un autre projet,

et j’essaye une calligraphie typographiée :

j’inscrit le mot « amoureux » dans la silhouette

de deux amoureux enlacés :

je ne sais pas encore comment le projet aboutira,

et vers quoi, mais le mélange d’une écriture

linogravée avec une typo classique me plaît bien !

***

Ma petite Louna s’intéresse au chat de Cathy,

et elle décide d’en faire une toute petite carte.

Comme les presses sont utilisées,

on décide de faire une impression au maillet :

le papier est mis sur une feutrine,

la lino encrée est délicatement posée par dessus,

et d’un bon coup de maillet,

accompagné d’un éclat de rire,

l’impression est réalisée :

coq chats & amoureux

et dehors, la glycine commence à embaumer l’atelier.

***

 

 

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RÉFLEXIONS SUR LA LINOGRAVURE

Lorsque je suis venu à la linogravure, je ne m’attendais pas à ce qu’elle prenne autant de place dans mon existence. J’ai appris à graver le bois dans ma jeunesse, parce que je crois, j’alliais le matériau bois au dessin. Je dessine depuis l’enfance, et sans complexes, ce qui me sauve encore aujourd’hui de l’appréhension du regard de l’autre. Non que j’y sois indifférent, mais je l’accepte.

Donc, dessin plus bois, j’étais déjà bien content. Mon père, mon grand père, et les autres de la tribu ont passé leur vie à travailler le bois, le sciant, le sculptant, le polissant,c’est le métier de la famille depuis plusieurs générations. Cet atavisme s’est emparé de moi, je m’y suis glissé sans souci. Le bois mérite qu’on l’accepte dans toute sa splendeur et toutes ses contraintes, et elles sont nombreuses. Il nécessite un apprentissage et un apprivoisement. Et pour moi, la technique « bois » me retient parfois dans la création : les « il faut » et les « tu dois » m’ont trop souvent été rabachés à mes oreilles d’enfants pour qu’aujourd’hui je les oublie.

Alors quand le lino est arrivé, par hasard, sans préparation, j’ai redécouvert le plaisir de graver : pas de contrainte de fil, de séchage, de dureté, de noeuds, de voilage, un matériau aussi neutre qu’une feuille de papier, une toile tendue sur un chassis, permettant à la création de s’épanouir tranquille !

plaque or noir encrée

Et curieusement ce qui auparavant était accessoire, puisqu’il fallait dompter le matériau s’est soudainement développé : l’encrage, l’impression, le papier : tout devenait important. Avec la lino, le cheminement créatif s’amplifie après l’acte de graver proprement dit : le choix des encres, les mélanges, l’onctuosité, le choix du rouleau, sa souplesse, sa dureté, l’encrage de la matrice, le choix du papier, son grammage, sa couleur, le choix de l’humidifier ou non, le passage sous la presse, le choix de la pression, l’appréciation de chaque surface encrée, tout devient gravure !

J’ai travaillé le bois professionnellement pendant presque 20 ans, j’ai enseigné pendant plus de 10 ans, j’ai été artisan d’art, j’ai fait de la toute petite série, et je retrouve tout cela mélangé dans la lino : le matériau est gravé, coupé, scié, mis à hauteur, et les gravures sont éditées en toute petite série, puisque le procédé est depuis tout temps lié au multiple.

J’ouvre mon atelier à celles et ceux qui veulent graver ensemble, et je retrouve le plaisir d’enseigner, de sortir de l’intimité de la création pour m’ouvrir aux autres, ce qui me parait indissolublement lié au métier d’artiste. Je trouve ici, comme dans l’acte de graver, la parenté avec les artistes du passé, utilisant la même technique, et la transmettant à leurs disciples.

impression classique de l'enfant aux 1001 nuits

Je n’ai pas encore parlé du dessin, pourtant bien la base de tout ce qui suis. J’ai l’habitude de dessiner, redessiner, gommer, couper, photographier mes dessins, et déjà, sur le papier, marquer les blancs et les noirs. La gravure en relief, que ce soit sur bois, lino, plomb ou tout autre matériau qui accepte de se laisser graver, c’est ôter le blanc et laisser en réserve ce qui doit être imprimé. Pour simplifier on enlève ce qui est blanc et on laisse ce qui est noir. Donc, pour avoir un trait noir, il faut deux entailles de part et d’autre du trait. Pour avoir un aplat noir, on l’entoure de blanc, qui est ce qu’on enlève.

Le dessin initial, l’ébauche, l’idée de départ se modifie dès lors qu’on veut graver : qui est blanc, qui est noir, qui est trait, qui est aplat : formidable enjeu. C’est peut-être dans la création de la gravure ce qu’il y a de plus intéressant : ici les jeux se font ! J’aime cet instant subtil où rien n’est encore décidé, où tout devient possible, équilibre instable entre ce qui est désiré et ce qui adviendra : un peu comme une rencontre avec l’autre : on ne sait pas encore, et les choix successifs en interdiront mille autres : aspect démiurgique de la création…

Pourtant, je ne sacralise pas ces instants, je crayonne au stylobille sur des feuilles de brouillon éparses, les coupe, les colle, les scotche, les arrache ! Heureusement l’appareil photo est là, et depuis peu je photographie quelques étapes de la création, ce qui me permet de revenir en arrière quand la voie choisie ne me plaît plus ! ou inversement m’assurer que la voie sur laquelle je suis est bien celle que je désire.

Je retrouve là le même plaisir que dans l’écriture, et la même sensation : puisque cela se fait maintenant, ce ne sera pas comme si je l’avais fait hier, ou le ferai demain : plaisir intense de l’instant créatif : ici et maintenant, quelque chose comme le bonheur !

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La satisfaction du linograveur

Les affiches de la Saint Jacques,

fin prêtes à l’état de matrice dans la presse

attendaient les petites mains

qui allaient les imprimer pour de bon.

Rendez-vous à l’atelier samedi matin,

et comme l’an dernier,

une bonne équipe s’est lancé dans une impression

en deux couleurs s’il vous plaît,

et pour 200 exemplaires.

impresion affiche st jacques 2013

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Imprimer du grillage sur une linogravure

Enfin, les oies imprimées sont sèches,

comme les chaussettes de l’archiduchesse,

alors vient le temps de la gravure du grillage,

en repérage.

Quand le papier est tiré à sec,

pas de problème, le grillage s’imprime bien.

Mais quand il est mouillé,

la gravure s’imprime deux fois,

avec un très léger décalage : que se passe-t-il ?

Pensées, cogitations, exploration :

le fil du grillage est rond :

quand le papier est mouillé,

il attaque une fois en poussant, et une fois en tirant,

mais de plus, il enveloppe légèrement le fil :

c’est du moins ce que je crois,

alors j’imprime en poussant, retire la feuille,

qui est alors parfaitement imprimée,

et j’essaye sur la presse typo

d’imprimer la feuille suivante en tirant,

et surprise, ça marche aussi !

qui a dit qu’imprimer était facile ?

les oies et le grillage

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Pour la Foire Saint Jacques, une affiche avec de la linogravure

Pour la deuxième année de la Foire Saint-Jacques

aux Touches, nous avons décidé,

une fois de plus de réaliser l’affiche

en typographie au bois et au plomb,

tirée à la main

sur presse typographique Deberny & Peignot.

***

Mais comme on avait déjà pratiqué,

on a développé un peu les choses,

et j’ai offert aux organisateurs de réaliser

eux même le visuel de l’affiche, à l’atelier.

***

st jack 1

***

Comme cette année

il s’agit de réaliser sur le site du Mont Juillet

des carrés de jardin,

nous avons gravé six carrés de légumes,

fruits, ou fleurs.

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st jack 2

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Après une matinée studieuse,

l’ambiance s’est soudainement détendue

quand les premières impressions sont apparues :

l’affiche devrait avoir très bonne allure !

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Presseuse et les oies

Presseuse, ma nouvelle presse,

a passé sa première nuit à l’atelier,

et ce matin, de bon matin,

j’étais à pied d’oeuvre pour les premier essais.

Tout d’abord, j’ai gravé un lino, dont le dessin était prêt :

deux oies qui jouent ensemble avec leur cou bien tordu !

impression des oies

Les premiers essais ont demandé de la réflexion :

la presse imprime bien,

mais le papier bouge un peu en sortie,

il a fallu jouer avec la pression,

ajouter des rails de guidage,

enlever le lange,

et passer le papier bien sec !

Le résultat est à la hauteur, et augure bien de l’avenir.

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PRESSEUSE !

PRESSEUSE,

ma nouvelle presse, est enfin arrivée à l’atelier !

Après quelques péripéties météorologiques,

puisque nous sommes allés,

Cathy et moi,

la chercher en Normandie,

au Nord de Saint Lô,

là où le temps s’est soudainement mis à la neige,

au vent, aux bourrasques,

bref, ça ne pouvait guère être pire !

***

 On a donc abrégé notre séjour,

se promettant de revenir au beau temps,

(si, si, il parait qu’il peut faire beau en Normandie !)

On a donc quitté notre charmante hôtesse à regret

et sommes revenus vers des temps plus cléments,

après avoir chargé ma « presseuse »

(contraction de presse – essoreuse).

 

presseuse !

Une fois installée dans l’atelier,

je lui ai fait subir un nettoyage en règle :

démontage partiel,

graissage des engrenages,

vérification du fonctionnement,

essais rapides de passage du lino,

sans oublier quelques photos,

et regards admiratifs

devant l’esthétique étonnante  de cette  machine.

***

 Demain, essais en vrai, 

avec un lino fraîchement préparé pour l’occasion,

et qu’il me restera à graver,

quand j’aurai dessiné le thème :

la nuit ne fait que commencer,

elle appartient aussi à ceux

qu’un grain de folie douce anime !

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Histoire de la rencontre du grillage et de la presse typographique !

J’habite à la campagne,

et presque tout le monde a des poules,

elles font vraiment partie de notre environnement,

on les voit et les entend, et,

on ne les voit plus ni ne les entend, à force.

J’en ai photographié plein,

comme disent les enfants,

et revoyant ces images,

force est de reconnaître qu’avec les poules,

le grillage est omniprésent.

Alors, graver des poules, d’accord,

mais avec du grillage !

Donc une ou plusieurs plaques pour les poules,

et une pour le grillage…

Je ne me vois pas graver toutes ces mailles…

Grillage imprimé

Alors, réflexion, idées, et passage à l’acte,

me voilà avec un petit rouleau de grillage,

une pince coupante,

un bloc de contreplaqué,

quelques clous et un marteau.

Le grillage est vite tendu sur le bloc,

un carton l’amène à la hauteur typographique

pour la presse, et voilà le résultat,

un grillage auto imprimé,

un ready made,

un bidouillage créatif,

je peux commencer à dessiner des poules,

elles seront bien gardées !

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Linogravure superposées

L’enfant des mille et une nuit m’entoure dans l’atelier,

et certains tirages paraissent bien « ternes »,

alors je décide de les utiliser autrement.

J’avais utilisé une technique de tirage photo

qui consistait à exposer deux fois

le même négatif avec un très très léger

décalage vertical et horizontal,

qui permet de créer une sorte de relief.

On appelait ça des « paraglyphes ».

J’ai repris les tirages de gravures

blanc sur noir et or sur noir,

et le résultat est très honorable !

effet de relief blanc

L’avantage d’une presse typographique

entièrement manuelle est considérable :

on a un repérage absolument parfait du papier,

on peut donc faire deux tirages successifs

sur la même feuille , ensuite,

la matrice étant fermement maintenue en place,

on peut la décaler d’un millimètre

en hauteur et largeur,

et maîtriser assez bien le résultat !

effet de relief doré

 

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