Vague à l’âme et linogravure

 

Le vague à l’âme de l’artiste graveur

Hier, je suis entré dans l’atelier par l’autre porte, celle que je n’utilise presque pas. La première image que je vois, est « c’est pas juste ». Forcément, elle me parle, me dit d’autres choses que lorsque je l’ai conçue, lorsqu’elle n’était qu’un mot d’enfant ! Je me dis que ce qui entoure, colore différemment les mots et les images !

c'est pas juste

Alors, quand je regarde mon atelier de cet autre point de vue, les yeux s’embuent de larmes intérieures. Sur ma très vieille presse inoccupée, s’étale « le loup mangeur de liberté » celui qui a fait dire à une amie « tu as eu le temps de le faire depuis ? » alors que cette gravure existe depuis trois mois…

le loup

Brusquement, toutes ces gravures du temps passé me parlent autrement. « Interdit de dire des gros mots » plaqué sur Liberté Égalité Fraternité Solidarité résonne différemment.

gros mots

De même « Aux Arts Citoyens » où La liberté se déleste de son arme pour empoigner une guitare,

aux art guitare

 

et « Solidarité » avec les hommes occupés à travailler ensemble.

solidarité

Et ce qui me trouble le plus, c’est que je suis allé au bout de chaque projet : il ne s’agit pas de vagues dessins, abandonnés au fond d’un tiroir, mais d’un travail abouti, avec la précision requise en vue d’une oeuvre, avec plusieurs couleurs, une gravure pensée, réfléchie, imprimée, encadrée et mise en exposition, volontairement.

J’avais peur, je crois, d’une atteinte à nos libertés fondamentales. Je me souviens, un de mes amis avait dit en voyant tout ça : « t’as un problème avec la citoyenneté ». Oui, mais j’appréhendais un risque politique plutôt que religieux. Comme beaucoup d’artistes, sensibles, je le suis plus aux gens, et à ce qui m’entoure qu’à l’argent, et aux idoles de toutes sortes de la modernité, loin, très loin des pseudo-artistes-mercantiles.

Un journaliste a dit un jour, qu’on devrait essayer de demander aux artistes ou aux fous comment faire pour nous sortir du bourbier dans lequel nous nous sommes mis, plutôt qu’aux experts et spécialistes de tout poil. Peut-être voyons nous autrement les choses ordinaires de la vie.

Il est 4 heures du matin, et je n’arrive pas à dormir. Malheureux de ce que la bêtise et la haine ont fait. Je vis cette mort collective, comme un arrachement douloureux d’une partie de ma jeunesse. Je voulais travailler dans l’atelier : le coeur n’y est pas. J’ai fini une gravure commencée avant, c’est facile, tout était prêt. Qu’allons-nous, que vais-je devenir après ?

aux arts crayon

Je me rappelle, lors d’un changement professionnel brutal, avoir naïvement dit lors d’un entretien : « Avant, je ne savais pas ce que j’allais faire après »

J’en suis là.

gouges

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Une réflexion sur “Vague à l’âme et linogravure

  1. isabelle dit :

    Ta peine me fait peine….

    Envoyé de mon iPad

    >

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